JEFF BECK | biographie / discographie / line up

Jeff Beck est l’un des musiciens les plus brillants de sa génération. Il a tout fait : blues, rock, progressif, metal, funk, jazz fusion, disco-rock, électro etc. Le guitariste est né en 1944 à Wallington près de Londres. A 13 ans il fabrique lui-même sa propre guitare et toute sa vie il va rester un bricoleur musical, un mécano du son, un innovateur. Dès ses débuts il cherche à jouer différemment, il désaccorde son instrument, essaye d’avoir une parfaite maîtrise de sa Fender et expérimente des sons inédits en alignant les pédales d’effet
Le premier fait important de sa carrière musicale est son entrée dans les Yardbirds en 1965, après le départ d’Eric Clapton. Avec Jeff Beck et Jimmy Page (futur Led Zeppelin), les Yardbirds enregistrent leurs plus grands tubes. Ils sont les premiers à utiliser aussi densément la distorsion (feed-back, talk-box, fuzz box etc.). C’est la première heure de gloire du guitariste britannique.
Après un peu plus d’un an, il quitte le groupe. Jeff Beck a toujours eu un trait de caractère qui a ruiné sa carrière musicale : il a une humeur dégueulasse. Il se met en colère, s’énerve tout le temps. Ainsi il a quitté rapidement tous les groupes dans lesquels il a joué, ce qui a empêché le public de le suivre, contrairement à ses trois concurrents de l’époque : Clapton, Hendrix, et Page qui ont toujours été plus reconnus que lui. Mais en 18 mois auprès des Yardbirds, Jeff Beck a littéralement fait cartonner le groupe, il les a propulsés sur le devant de la scène grâce à sa musique révolutionnaire.
Immédiatement, il crée le Jeff Beck Group avec Rod Stewart, Mick Waller, Ron Wood et Nicky Hopkins (tout les deux futurs Rolling Stones). Ils sortent deux albums, Truth en 1968 et Beck-Ola en 1969. Le Jeff Beck Group fait essentiellement du blues/rock mais on sent déjà les prémisses du heavy metal qui conduiront Jeff Beck a faire du hard plus tard. A la fin de l’année les disputes éclatent et la formation splite.
En plus de sa passion pour la création musicale, il est aussi amoureux du vrombissement des moteurs, ce qui va lui causer un accident de la route, qui va l’immobiliser pendant six mois.
A peine sorti de l’hôpital il remet le couvert et crée un second Jeff Beck Group qui va connaître un certain succès avec deux albums en 1971 et 1972. Pourtant (surprise !) le groupe se sépare à nouveau.
Fin 1972 il fonde un trio avec Tim Bogert et Camille Appice. Ils dispensent une musique progressive très intéressante. Le band a clairement pour vocation de concurrencer le succès d’Eric Clapton, mais avec une musique beaucoup plus saturée et violente. L’album Beck, Bogert & Appice de 1973 est un disque somptueux, très dynamique, suivi d’un live l’année suivante. Mais le succès n’est pas au rendez-vous, le groupe se dissout, laissant derrière lui quelques joyaux parmi les meilleurs de Jeff Beck. Malgré tout, Jeff Beck est un des guitaristes les plus admirés par Jimi Hendrix (ce qui est tout de même un fameux compliment).
En 1975 et 1976 il réalise deux albums de jazz fusion : Blow By Blow et Wired qui sont eux couronnés de succès. Il est toujours à la recherche de l’innovation, il veut faire des choses qui n’ont jamais été entendues. Il tire des sons incroyables de sa guitare, crée de nouveaux effets etc. Jeff Beck se concentre sur sa guitare, il ne chante donc presque jamais. Aussi de très nombreuses pistes sont instrumentales. La critique est élogieuse, Jeff Beck connaît la célébrité. Ses disques atteignent les sommets des charts américains. En 1977, un live sort de cette période jazz fusion.
A partir des années 1980, Jeff Beck enregistre sporadiquement des disques solo de styles différents avec des formations changeantes autour de lui. Mais en même temps son succès est grandissant. There and Back le consacre parmi le cercle restreint des meilleurs guitaristes. Avec Flash en 1985 il obtient son premier Grammy Award. L’album contient un certain nombre de grands tubes : Gets Us All In The End, Escape, Ambitious etc. Parallèlement il joue avec les plus grandes stars de l’époque: Mick Jagger (Rolling Stones), Stevie Ray Vaughan, Rory Gallagher, Buddy Guy, ou encore Tina Turner. Son disque Guitar Shop (où la pochette le montre en garagiste bidouillant une guitare) lui rapporte un second Grammy en 1989.
Mais Jeff Beck a connu le succès trop tardivement et alors qu’il est à l’apogée de sa gloire, évidemment il se fait vieux. Il sort de moins en moins de disques dans les années 1990. Trois ans séparent Guitar Shop de Crazy Legs (un disque très atypique) et six ans séparent ce dernier de Who Else!.
Mais 2001 il sort You Had It Coming, petite révolution à nouveau qui allie techno et rock. L’album lui rapporte son troisième Grammy Award, celui de la meilleure performance instrumentale rock. Il aura son quatrième avec l’album Jeff sorti en 2003. Jeff est un disque d’électro-hard rock fascinant, sauvage, bestial, violent avec une guitare torturée mais aussi parfois très doux et free jazz. Depuis toujours il y a chez Jeff Beck la volonté de dire « regardez ce que l’on peut faire avec une Fender ». Et effectivement dans l’album Jeff comme dans bien d’autres, il y a des passages dans lesquels on n’imagine pas du tout comment il arrive à tirer des sons pareils d’une gratte.
Jeff Beck est fondamentalement un homme inclassable, imprévisible, incalculable, un guitariste unique dans l’histoire de la musique. Jeff Beck est une voiture folle qui ne suit pas les routes canoniques : parfois il loupe les virages mais toujours il explore des endroits inconnus.