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Ragged Glory | chronique

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chronique Ragged Glory

album  : Ragged Glory
groupe : Neil Young
sortie   : 1990

+ chronique Neil Young
01- Country Home
02- White Line
03- F*!#in' Up
04- Over and Over
05- Love to Burn
06- Farmer John
07- Mansion on the Hill
08- Days that Used to Be
09- Love and Only Love
10- Mother Earth (Natural Anthem)


L’essence du rock  par  Doc

Dire que Neil Young a tout fait est un doux euphémisme. Country, folk, hard rock, musique électronique, rockabilly, blues, expérimental... avec d'énormes échecs commerciaux (rarement musicaux) et parmi les plus grands succès de l'histoire de la musique populaire du XXe siècle. Puisque ce site est avant tout fréquenté par de amateurs de guitares saturées et de hurlements, je m'attaque à sa carrière hard rock.

Neil Young, ce qui vient en tête, c'est Old Man, Harvest et autres superbes ballades folk dont la beauté n'a jamais été égalée. Mais Neil Young est souvent classé "hard rock" outre-atlantique, en raison de ses compositions qui ont marqué l’histoire du genre : Hey hey my my et autres Keep on rockin’ in the free world qui ont constitué la principale influence de nombre de groupes de punk, de grunge et même de heavy, de leur propre aveu (Pearl Jam, Nirvana, Sonic Youth…). Loin d’être des sous-produits, Neil Young a pu exprimer dans ces morceaux sa créativité et son talent inégalé pour le rock. C’est le cas pour l’album Ragged Glory. The Loner n’est jamais devenu un de ces vieux chanteurs folk gélatineux, ne faisant plus que des concerts lors de festins télévisés de sourdes grand-mères. Plus il a vieilli, plus son style de jeu est devenu dynamique, provoquant et imposant.
Je vous passe l’histoire de Neil Young, je préciserais simplement que le disque sort en 1990 dans l’une des périodes creuses du guitariste, au cours de laquelle peu de gens continuaient à le suivre.

Pourquoi s’y attacher alors ? Parce que Ragged Glory symbolise la capacité unique de Neil Young à créer de la beauté musicale dans le bruit. Rythmiques lourdes, son brut, grosses saturations, solos violents – et de très belles mélodies dans le même temps. Young fait parler le bruit, fait chanter l’électricité.

Ragged Glory, composé avec son fidèle groupe Crazy Horse, n’a infléchi le cours de l’histoire musicale. Cela, Neil Young l’a fait bien plus tôt, dans les années 60-70. Dans les années 1990, Neil Young affirme son style musical, le construit et le développe jusqu’à son sommet : un type assez unique de hard rock sale, lent et mélodique. D'une esthétique grunge, le disque est assez varié dans ses thèmes, ses rythmes etc. Refusant la simplicité de mélodies suaves entendues maintes fois, le Loner met un point d'honneur à travailler et retravailler ses morceaux, à flirter avec le dissonant, à ralentir ses rock... tout en restant naturel et rageux. Fuckin’ Up (écrit F* !#in’ Up sur la pochette) est révélateur de cette énergie dont peu de musicien ont le secret. D’autant que Neil Young signe avec ce disque le retour à une musique optimiste, lui qui a sorti tant de disques noirs (il en sortira après également). Ragged Glory dégage une sorte de joie béate assez réjouissante, en tout cas au volant de la voiture sur l’autoroute c’est un carburant parfait.

A écouter d’urgence. Ragged Glory n'est sans doute pas le disque le plus facile d'accès, pour débuter avec le canadien, sans doute faut-il commencer par les traditionnels Harvest et After the Gold Rush. Enfin je tiens à soumettre à votre sagacité l'idée d'écouter Fork In The Road, le disque 2009 de Neil Young, immense album de hard-rock, sans doute l'un des plus violents, peu connu pourtant.

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