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Fear Of A Blank Planet | chronique
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01- Fear Of A Blank Planet
02- My Ashes
03- Anesthetize
04- Sentimental
05- Way Out Of Here
06- Sleep Together
02- My Ashes
03- Anesthetize
04- Sentimental
05- Way Out Of Here
06- Sleep Together
A boy rides a bike but never smiles par Doc
Dès la première note, dès le premier arpège, j’ai immédiatement accroché. A peine le disque dans la platine déjà on se sent aspiré dans l’univers de Porcupine Tree. Il y a une sorte d’alchimie propre à Steve Wilson qui transporte l’auditeur, l’hypnotize, le guide à la baguette. Le premier titre, Fear of a blank planet est du pur Porcupine Tree dans le genre d’Arriving Somewhere but not here, en plus dynamique encore. Pas d’intro engluée comme dans l'autre musique citée, là on rentre immédiatement dans le vif du sujet. Le type de musique à faire bander le plus impuissant des Inuits de quatre vingt balais. Dans un premier temps je n’ai même pas pu passer à la suite du disque, j’ai écoute Fear of a blank planet en boucle. C’est vraiment le morceau du disque, très noir, très sombre, je le trouve absolument parfait. On ressent avec intensité le malheur et la misère dont parlent les lyrics.
Peu de morceaux sur ce disque, six en tout, mais le plus court, My Ashes dure plus de cinq minutes, et le plus long, Anesthetize, plus de dix sept minutes. Au final presque une heure de musique sur six morceaux, dans la tradition du rock prog, c’est plus qu’honorable. Steve Wilson a fait le pari inverse de celui de Deadwing : au lieu de nombreux morceaux courts dont un bon tiers était parfaitement inutiles, ici il n’y a que quelques morceaux longs mais qui ont tous leur intérêt.
Des invités de marque sur ce disque comme d’habitude. Deadwing exhibait Adrian Belew (King Crimson) et Mikael Akerfeldt (Opeth). Fear of a blank planet compte ni plus ni moins que le grand maître du prog et ami de Steve Wilson, Robert Fripp, qui officie sur Way Out Of Here (et ça se sent) ainsi que le guitariste de Rush, Alex Lifeson, lui sur Anesthetize. Chaque album est tout de même une consécration pour Porcupine Tree lorsque des invités toujours plus connus viennent participer. Dans la pochette du disque, Steve Wilson remercie aussi Anathema, le grand Mark Palmer (ELP), Adrian Belew, Tony Levin (King Crimson) et d’autres, bien qu’ils ne soient pas crédités, on peut supposer qu’ils ont aussi donné un petit coup de pouce.
Passé Fear of a blank planet, le reste du disque est plutôt calme. On sombre dans la tristesse, la mélancolie et la lenteur du temps qui ne passe pas. My Ashes, le deuxième titre est une sorte de ballade torturée, très lente. Anesthetize commence par un long passage extrêmement inspiré de Radiohead, notamment pour le chant. Puis pendant une bonne dizaine de minutes le morceau devient violent et très metal. Anesthetize se finit sur un passage planant, calme et très beau. Le superbe solo de guitare est donc exécuté par Alex Lifeson.
Sentimental est un morceau assez particulier pour Porcupine Tree, une balade dans le genre de Lazarus sur Deadwing. Ca a un côté Amélie Poulain très étrange, mais pas désagréable. Enfin Sentimental fait tout de même un peu musique de fond, mais reste largement sympathique. Le rythme complètement décalé est bien fait.
Way Out Of Here commence lui aussi assez calmement, avec pas mal d’électronique (Robert Fripp, on retrouve sa patte) mais devient rapidement plus dynamique. Le refrain est particulièrement jouissif avec le chant perdu dans les instruments. La musique est désespérée, très sombre et compte plusieurs passage très lourds.
Enfin Sleep Together est aussi très très noir et désespérant en restant assez englué et calme. Le morceau, notamment dans les passages aux violons, est assez angoissant. Apparemment c’est Dave Stewart qui a arrangé les violons et c’est le London Orchestra qui l’a exécuté.
C’est très fluide, on passe sans accroc des moments calmes aux passages metal très costauds, on change d’ambiance petit à petit (notamment sur Anesthetize).
Pas tout à fait un album concept, mais presque. Un thème domine, celui des adolescents à notre époque, particulièrement aux Etats-Unis et en Angleterre, leur mental, leur vie, leurs peurs et leurs rêves, leurs désespoirs et leurs haines, leurs relations avec leurs parents, avec les nouvelles technologies (Fear of a blank planet débute par un bruit de clavier d’ordinateur), et plus largement avec le monde autour. La pochette montre des gamins aux yeux exorbités, tous plus drogués les uns que les autres, d’une pâleur cadavérique, parfois prostrés devant une télévision dans la position du fœtus.
Les paroles de Fear of a blank planet sont on ne peut plus jouissives, extrêmement intenses replacées dans la musique, et très justes. Petits extraits :
« TV, yeah it’s always on
X-box is a god to me
My mother is a bitch
My father gave up ever trying to talk to me
The pills that I’ve been taking confuse me
I’m through with pornography
The action is lame
The action is tame
Talking all day
With nothing to say
My friend says he wants to die
He’s in a band
They sound like Pearl Jam
The clothes are black
In school I don’t concentrate
And sex is kinda fun
But just another one
Of all the empty ways
Of using up a day
You steal a gun
To kill time”
On y verrait presque une prémonition de la tuerie de Blacksburg qui s’est déroulée quelques jours après la sortie du disque. En tout cas les paroles (à lire en entier, je n’ai pris là que quelques passages) sont très justes et très profondes sur la misère morale des adolescents, sur leur souffrance confuse. Personnellement je me suis un peu retrouvé. My Ashes reprend le même thème, en plus dramatique et plus poétique. Anesthetize parle de tous les moyens que ces jeunes trouvent pour anesthésier leur souffrance, la télé-réalité, la drogue etc., mais qui par là les transforment en zombies. Sentimental est axé sur le fait que les ados ne veulent pas ressembler à leurs parents, ils ne veulent pas vieillir, mais en même temps ils sont insatisfaits de leur vie actuels, alors ils sont comme piégés, ils ne font rien pour tenter d’arrêter le temps.
Les lyrics accrochent vraiment à la réalité : la jeunesse désoeuvrée perdue dans le labyrinthe sans issue du monde moderne désenchanté et froid comme de la glace. Le pari est de montrer avec émotion cet univers sans émotion de violence continue et banalisée. Et c’est réussi, on ressent vraiment, parce qu’on le vit tous plus ou moins, la jeunesse désabusée branchée à la télévision ou à l’ordinateur, ce qui crée une addiction, un formatage d’esprit, tels que seule la mort peut nous en sortir. Les thèmes de société et particulièrement la peinture de société ont toujours été un élément fondamental du prog (on sent notamment l’influence de Pink Floyd autant des dans les atmosphères musicales que dans le concept). Ce n’est pas du vain babil philosophique, au contraire, c’est très rentre-dedans, ça parle ouvertement de la X-box, de MTV, de l’Ipod etc.
C'est une des caractéristiques de Porcupine Tree de prendre tellement aux trippes.
Enfin je note depuis quelques albums une obsession de Steve Wilson pour le lieu, l’endroit où on est, où va, où on voudrait aller ou retourner. Arriving Somewhere But Not Here sur Deadwing en était révélateur. Fear of a blank planet insiste aussi beaucoup sur la confusion spatiale des gamins drogués qui se demandent s’ils sont bien là, et où ils vont aller. Mais ils se rendent compte qu’ils sont comme prisonniers, et Way Out Of Here parle des rêves de ces adolescents qui veulent s’échapper, s’enfuir pour ne pas devenir leurs parents, qui veulent une autre vie dans un autre endroit, mais c’est impossible. Toute cette obsession montre la volonté, toujours fatalement impossible de s’en aller pour chercher autre chose. Mais c’est inéluctablement impossible, ce n’est qu’une illusion, un espoir dérisoire. Sleep Together montre que le seul échappatoire c’est la mort, le suicide. Ce morceau, le dernier du disque, s’achève sur un coup de batterie dans le silence, comme le coup de pistolet qui enfin les libère de leur souffrance.
Tout en restant dans la lignée d’In Absentia et Deadwing par ses gros riffs, ce disque revient aussi aux ambiances angoissantes, au son cristallin et au calme d’albums plus anciens comme Lightbulb Sun.
Bref un excellent disque, très noir, très déprimant. A mon avis Fear of a blank planet et Anesthetize sont largement parmi les meilleures musiques du groupe.
+ r�agir [ 8 commentaires ]
Dès la première note, dès le premier arpège, j’ai immédiatement accroché. A peine le disque dans la platine déjà on se sent aspiré dans l’univers de Porcupine Tree. Il y a une sorte d’alchimie propre à Steve Wilson qui transporte l’auditeur, l’hypnotize, le guide à la baguette. Le premier titre, Fear of a blank planet est du pur Porcupine Tree dans le genre d’Arriving Somewhere but not here, en plus dynamique encore. Pas d’intro engluée comme dans l'autre musique citée, là on rentre immédiatement dans le vif du sujet. Le type de musique à faire bander le plus impuissant des Inuits de quatre vingt balais. Dans un premier temps je n’ai même pas pu passer à la suite du disque, j’ai écoute Fear of a blank planet en boucle. C’est vraiment le morceau du disque, très noir, très sombre, je le trouve absolument parfait. On ressent avec intensité le malheur et la misère dont parlent les lyrics.
Peu de morceaux sur ce disque, six en tout, mais le plus court, My Ashes dure plus de cinq minutes, et le plus long, Anesthetize, plus de dix sept minutes. Au final presque une heure de musique sur six morceaux, dans la tradition du rock prog, c’est plus qu’honorable. Steve Wilson a fait le pari inverse de celui de Deadwing : au lieu de nombreux morceaux courts dont un bon tiers était parfaitement inutiles, ici il n’y a que quelques morceaux longs mais qui ont tous leur intérêt.
Des invités de marque sur ce disque comme d’habitude. Deadwing exhibait Adrian Belew (King Crimson) et Mikael Akerfeldt (Opeth). Fear of a blank planet compte ni plus ni moins que le grand maître du prog et ami de Steve Wilson, Robert Fripp, qui officie sur Way Out Of Here (et ça se sent) ainsi que le guitariste de Rush, Alex Lifeson, lui sur Anesthetize. Chaque album est tout de même une consécration pour Porcupine Tree lorsque des invités toujours plus connus viennent participer. Dans la pochette du disque, Steve Wilson remercie aussi Anathema, le grand Mark Palmer (ELP), Adrian Belew, Tony Levin (King Crimson) et d’autres, bien qu’ils ne soient pas crédités, on peut supposer qu’ils ont aussi donné un petit coup de pouce.
Passé Fear of a blank planet, le reste du disque est plutôt calme. On sombre dans la tristesse, la mélancolie et la lenteur du temps qui ne passe pas. My Ashes, le deuxième titre est une sorte de ballade torturée, très lente. Anesthetize commence par un long passage extrêmement inspiré de Radiohead, notamment pour le chant. Puis pendant une bonne dizaine de minutes le morceau devient violent et très metal. Anesthetize se finit sur un passage planant, calme et très beau. Le superbe solo de guitare est donc exécuté par Alex Lifeson.
Sentimental est un morceau assez particulier pour Porcupine Tree, une balade dans le genre de Lazarus sur Deadwing. Ca a un côté Amélie Poulain très étrange, mais pas désagréable. Enfin Sentimental fait tout de même un peu musique de fond, mais reste largement sympathique. Le rythme complètement décalé est bien fait.
Way Out Of Here commence lui aussi assez calmement, avec pas mal d’électronique (Robert Fripp, on retrouve sa patte) mais devient rapidement plus dynamique. Le refrain est particulièrement jouissif avec le chant perdu dans les instruments. La musique est désespérée, très sombre et compte plusieurs passage très lourds.
Enfin Sleep Together est aussi très très noir et désespérant en restant assez englué et calme. Le morceau, notamment dans les passages aux violons, est assez angoissant. Apparemment c’est Dave Stewart qui a arrangé les violons et c’est le London Orchestra qui l’a exécuté.
C’est très fluide, on passe sans accroc des moments calmes aux passages metal très costauds, on change d’ambiance petit à petit (notamment sur Anesthetize).
Pas tout à fait un album concept, mais presque. Un thème domine, celui des adolescents à notre époque, particulièrement aux Etats-Unis et en Angleterre, leur mental, leur vie, leurs peurs et leurs rêves, leurs désespoirs et leurs haines, leurs relations avec leurs parents, avec les nouvelles technologies (Fear of a blank planet débute par un bruit de clavier d’ordinateur), et plus largement avec le monde autour. La pochette montre des gamins aux yeux exorbités, tous plus drogués les uns que les autres, d’une pâleur cadavérique, parfois prostrés devant une télévision dans la position du fœtus.
Les paroles de Fear of a blank planet sont on ne peut plus jouissives, extrêmement intenses replacées dans la musique, et très justes. Petits extraits :
« TV, yeah it’s always on
X-box is a god to me
My mother is a bitch
My father gave up ever trying to talk to me
The pills that I’ve been taking confuse me
I’m through with pornography
The action is lame
The action is tame
Talking all day
With nothing to say
My friend says he wants to die
He’s in a band
They sound like Pearl Jam
The clothes are black
In school I don’t concentrate
And sex is kinda fun
But just another one
Of all the empty ways
Of using up a day
You steal a gun
To kill time”
On y verrait presque une prémonition de la tuerie de Blacksburg qui s’est déroulée quelques jours après la sortie du disque. En tout cas les paroles (à lire en entier, je n’ai pris là que quelques passages) sont très justes et très profondes sur la misère morale des adolescents, sur leur souffrance confuse. Personnellement je me suis un peu retrouvé. My Ashes reprend le même thème, en plus dramatique et plus poétique. Anesthetize parle de tous les moyens que ces jeunes trouvent pour anesthésier leur souffrance, la télé-réalité, la drogue etc., mais qui par là les transforment en zombies. Sentimental est axé sur le fait que les ados ne veulent pas ressembler à leurs parents, ils ne veulent pas vieillir, mais en même temps ils sont insatisfaits de leur vie actuels, alors ils sont comme piégés, ils ne font rien pour tenter d’arrêter le temps.
Les lyrics accrochent vraiment à la réalité : la jeunesse désoeuvrée perdue dans le labyrinthe sans issue du monde moderne désenchanté et froid comme de la glace. Le pari est de montrer avec émotion cet univers sans émotion de violence continue et banalisée. Et c’est réussi, on ressent vraiment, parce qu’on le vit tous plus ou moins, la jeunesse désabusée branchée à la télévision ou à l’ordinateur, ce qui crée une addiction, un formatage d’esprit, tels que seule la mort peut nous en sortir. Les thèmes de société et particulièrement la peinture de société ont toujours été un élément fondamental du prog (on sent notamment l’influence de Pink Floyd autant des dans les atmosphères musicales que dans le concept). Ce n’est pas du vain babil philosophique, au contraire, c’est très rentre-dedans, ça parle ouvertement de la X-box, de MTV, de l’Ipod etc.
C'est une des caractéristiques de Porcupine Tree de prendre tellement aux trippes.
Enfin je note depuis quelques albums une obsession de Steve Wilson pour le lieu, l’endroit où on est, où va, où on voudrait aller ou retourner. Arriving Somewhere But Not Here sur Deadwing en était révélateur. Fear of a blank planet insiste aussi beaucoup sur la confusion spatiale des gamins drogués qui se demandent s’ils sont bien là, et où ils vont aller. Mais ils se rendent compte qu’ils sont comme prisonniers, et Way Out Of Here parle des rêves de ces adolescents qui veulent s’échapper, s’enfuir pour ne pas devenir leurs parents, qui veulent une autre vie dans un autre endroit, mais c’est impossible. Toute cette obsession montre la volonté, toujours fatalement impossible de s’en aller pour chercher autre chose. Mais c’est inéluctablement impossible, ce n’est qu’une illusion, un espoir dérisoire. Sleep Together montre que le seul échappatoire c’est la mort, le suicide. Ce morceau, le dernier du disque, s’achève sur un coup de batterie dans le silence, comme le coup de pistolet qui enfin les libère de leur souffrance.
Tout en restant dans la lignée d’In Absentia et Deadwing par ses gros riffs, ce disque revient aussi aux ambiances angoissantes, au son cristallin et au calme d’albums plus anciens comme Lightbulb Sun.
Bref un excellent disque, très noir, très déprimant. A mon avis Fear of a blank planet et Anesthetize sont largement parmi les meilleures musiques du groupe.
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