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Interzone | chronique

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chronique Interzone

album  : Interzone
groupe : Wheelfall
sortie   : 2012

+ chronique Wheelfall
01- (prelude)
02- Howling
03- Holy Sky
04- The Parasite Ravages
05- It Comes From The Mist
06- Interzone


Fordisme et Tellurisme  par  Uldor

Faire du Stoner dans l'Hexagone se résume souvent à faire du gros rock de Texan Redneck à la sauce consanguine, autrement-dit, du sous-Pantera (sûrement à cause de cette feuille de cannabis présente sur certains visuels du groupe), tandis que faire du Doom se résume à jouer du violon par dessus des riffs gothiques et larmoyants. C'est une évidence, en France, on est pas des spécialistes de sons désertiques et posts-alcooliques. Mais, à l'image de la scène métal nationale, les choses commencent à évoluer avec de nouvelles formations prometteuses tels que les excellents Mars Red Sky. Et à l'écoute de cet album Interzone, il est fort probable que Wheelfall devienne aussi un des fers de lance de la scène française !

Le groupe s'est formé à Nancy en mai 2009 et s'était déjà fait remarqué grâce à de nombreux concerts et un premier EP From The Blazing Sky At Dusk en 2010 qui mettait en avant le talent certains du combo ainsi que son amour pour les thèmes de science-fiction empruntés à H.G. Wells et beaucoup d'autres. Et à l'occasion de son premier opus, Wheelfall a naturellement décidé de s'atteler à l'exercice dangereux du concept-album. C'est donc sur un sinistre vacarme de tempête de sable et de tôles froissés évoquant une sombre histoire de crash extra-terrestre que s'ouvre Interzone.

Mais contrairement à d'autres groupes, le délire des soucoupes volantes et autres tripodes en tout genre ne va pas servir de cache-misère. D'ailleurs si comme moi les albums-concept ça ne vous parle pas, c'est de toute façon à vos tripes qu'Interzone compte s'attaquer. En effet les larsens viennent rapidement révéler que c'est face à une toute autre tornade que nous allons devoir faire face.

On parle en réalité ici d'une avalanche de riffs telluriques et transcendantaux comme on a rarement l'occasion d'en entendre (surtout par chez nous) et qui n'épargnera personne, comme le démontre l'excellent premier morceau de l'album (Howling) : un démarrage au quart de tour, de la vélocité et surtout cette voix râpeuse, unique et qui a le bon goût de n'intervenir qu'en cas d’extrême urgence, à la manière d'un John Garcia très en colère. Tout ça pour finir sur une boucle instrumentale pachydermique et sans fin, façon Electric Wizard.

La grande classe.

On est déjà sur le derche, pourtant c'est pas près d'être fini, bien au contraire, quintessence du style stoner d'obédience Sleep (période Jérusalem), Wheelfall s'applique pour que le morceau suivant soit toujours plus long que le précédent. Jusqu'à plus soif. Jusqu'à l'apothéose avec ce monstre Cthulhuien de... 22 minutes qui clôture l'album dans une orgie de riffs magnifiques amenés par une intro toute en progression qui fera sûrement parler d'elle. C'est du viol by Rocco Siffredi, du martelage cérébrale qui ferait pâlir Staline, jusqu'aux dernières décibels, théâtre d'une lente et bruyante agonie... Alors, c'est qui le patron ?

Si vous vous le demandez encore, je vous ferais alors remarquer que, comme tous les grands, Wheelfall a aussi la capacité de pondre des hymnes comme en témoigne l'épique It Comes From The Mist au riff fédérateur et dont le motif final se répètera comme à l'infini. Un morceau qui faisait déjà office de pièce maîtresse durant leurs concerts auquel le son de l'album, bien trop faiblard et "classique" ne rend malheureusement pas justice. D'autant que le groupe s'est permis quelques bizarreries par-ci par-là (le final de Holy Sky) qui aurait mérité un travail de production un peu plus original. Mais au moins, on dirait le son d'une vieille démo, ça fait authentique !

Doom, Stoner, Sludge, quelle que soit l'importance que vous accordez aux étiquettes et aux guéguerres de chapelles Wheelfall démontre surtout un talent inné pour la musique progressive et pour les compositions longues et fouillés aux riffs dantesques sans pour autant oublier d'avoir cette énergie communicative qui fait toujours la différence. Interzone est le premier manifeste d'un groupe extrêmement professionnel (ça tient du fordisme !) qui affirme déjà un style unique et une patte indéniable et avec qui il faudra probablement compter nationalement dans les années à venir.

Parce que là, on tient peut êtres les dieux français du riff...

Enjoy !

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