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Dies Irae | chronique
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01- Dies Irae
...ou la quintessence de Mr Doktor par Glo
Dies Irae, composition en dix-huit parties continues (et une piste cachée, sur la version CD), parue en 1996, demeure le dernier opus connu et diffusé du mythe toujours vivant qu’est Mr Doktor, et de l’entité Devil Doll.
L’histoire de l’album est riche en rebondissement et se déroule sur près de quatre ans. En 1993 aurait dû être enregistré et distribué un album intitulé The Day Of Wrath – Dies Irae, à Ljubljana, dans le studio de Jurij Toni, ingénieur son de Laibach attaché aussi depuis ses débuts à Mr Doktor. Mais Ljubljana, c’est en « ex-Yougoslavie », et en 1993, « ex-Yougoslavie » n’est pas une dénomination anodine ; plutôt une A.O.C. de bordel organisé. Et le studio brûle, dans un incendie criminel et probablement lié à des luttes mafieuses. Mr Doktor s’en sort, Toni passe quelques jours à l’hôpital ; quant aux bandes, elles ont brûlées en grande partie. Mr Doktor décide d’abandonner l’album ; ce n’est qu’à la fin de 1994, sous la pression de ses proches et musiciens, qu’il consent à reprendre les enregistrements. Ils dureront jusque fin 1995 ; Mr Doktor n’aime pas le travail mal fait.
Dies Irae représente la quintessence de ce que sait créer Mr Doktor : moins envolé peut-être que The Girl Who Was… Death, moins déstabilisant que Sacrilegium ou Eliogabalus, Dies Irae montre en retour une parfaite maîtrise des ambiances, enchaînées les unes aux autres sans transition et pourtant sans heurts, et d’une puissance rare. Mr Doktor montre également l’excellence de ses choix instrumentaux, en travaillant avec le batteur Roman Ratej, le pianiste Francesco Carta (également aux arrangements aux côtés de Mr Doktor), Michel Fantini à l’orgue, ou l’orchestre philharmonique slovène. Pas d’instruments synthétiques, et la capacité à fondre les unes dans les autres les diverses pistes. On a entendu trop souvent des groupes de metal croire « faire joli » en jouant à côté d’un orchestre organique (spécial BOOOO à Metallica et sa risible version d’Unforgiven, BOOOOO, triple BOOOO, magnifique exemple d’orchestre-gadget); Devil Doll joue « avec ». D’ailleurs les musiciens sont tous au même niveau dans les crédits et l’esprit du groupe, derrière Mr Doktor.
Ainsi, l’album nous promène de thème en thème, comme au fil d’une musique de film (de film noir, bien entendu), au sein des pensées labyrinthiques mais très cohérentes de l’auteur. Le tonal se mêle à l’atonal, aucun rythme n’est fixe, tout fluctue ; une promenade sur un bateau hanté, la nuit, sur un fleuve déchainé, sous la tempête. Concernant les influences, assumées et revendiquées, on croisera des musiques de films muets et noirs, de la musique sacrée (à vous de faire le tri), une énorme citation de Poulenc… A chacun de croiser sa culture et celle qui a été assimilée dans l’album. S’il fallait définir le genre ou la chapelle à laquelle rattacher l’album, on s’en verrait dès lors fort marri. Expérimental, prog, gothique, classique… Peu importe. Quelques « tubes » (pardon, Mr Doktor…) surnagent, écoutables en tant qu’unités indépendantes, et puissantes à dépecer un âne à trente mètres : les Part 1-2, ou 11, 12, les Part 17-18 en particulier.
Reste à parler du chant. Pour cet album, Mr Doktor partage ses textes avec la soprane Norina Radovan, ce qui donne lieu à quelques duos à faire exploser les globes oculaires et à s’éviscérer de joie – sans compter la fin, gnaâh… A côté de la technique classique, stricte et très maîtrisée de la soprane, Mr Doktor pratique comme à son habitude le sprechtgesang (ya woll, hopla), mélange raisonné et harmonieux de parlé et de chanté, modulant sa voix, son rythme, sa tessiture selon les paroles dites, et passant d’envolées lyriques à des grincements animaux, des cris de renard ou de chat, des râles d’agonie… Impression de psalmodie de sorcier. Et c’est un peu ça. Les textes, inspirés de Poe, Brontë, Dickinson ou Lautréamont, et dont il faut rappeler qu’ils précèdent toujours la musique, dans le processus d’écriture de Mr Doktor, sont à lire et peuvent l’être en tant que tels ; leur qualité, face à tous les succédanés du romantisme tardif et aux trop nombreuses (et gothiques) tentatives pitoyables de faire du post-Baudelaire mâtiné de surréalisme, est d’agencer proprement des images brutes sans les noyer dans une soupe grammaticale ou de clichés ; les images avancent, hiératiques, et frappent chacune à leur tour. A lire en particulier, le texte de la Part 18.
A présent, prions, mes frères. Devil Doll est vivant, Mr Doktor est vivant, il compose toujours, mais ne publie plus. ALORS TU PRENDS TES PETITS DOIGTS ET TU 2CRIS UNE SUPPLIQUE EMPHATIQUE À MR DOKTOR POUR QU4IL SORTE UN PUTAIN DE NOUVEAU DISQUE OK ? CONNARD !
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Dies Irae, composition en dix-huit parties continues (et une piste cachée, sur la version CD), parue en 1996, demeure le dernier opus connu et diffusé du mythe toujours vivant qu’est Mr Doktor, et de l’entité Devil Doll.
L’histoire de l’album est riche en rebondissement et se déroule sur près de quatre ans. En 1993 aurait dû être enregistré et distribué un album intitulé The Day Of Wrath – Dies Irae, à Ljubljana, dans le studio de Jurij Toni, ingénieur son de Laibach attaché aussi depuis ses débuts à Mr Doktor. Mais Ljubljana, c’est en « ex-Yougoslavie », et en 1993, « ex-Yougoslavie » n’est pas une dénomination anodine ; plutôt une A.O.C. de bordel organisé. Et le studio brûle, dans un incendie criminel et probablement lié à des luttes mafieuses. Mr Doktor s’en sort, Toni passe quelques jours à l’hôpital ; quant aux bandes, elles ont brûlées en grande partie. Mr Doktor décide d’abandonner l’album ; ce n’est qu’à la fin de 1994, sous la pression de ses proches et musiciens, qu’il consent à reprendre les enregistrements. Ils dureront jusque fin 1995 ; Mr Doktor n’aime pas le travail mal fait.
Dies Irae représente la quintessence de ce que sait créer Mr Doktor : moins envolé peut-être que The Girl Who Was… Death, moins déstabilisant que Sacrilegium ou Eliogabalus, Dies Irae montre en retour une parfaite maîtrise des ambiances, enchaînées les unes aux autres sans transition et pourtant sans heurts, et d’une puissance rare. Mr Doktor montre également l’excellence de ses choix instrumentaux, en travaillant avec le batteur Roman Ratej, le pianiste Francesco Carta (également aux arrangements aux côtés de Mr Doktor), Michel Fantini à l’orgue, ou l’orchestre philharmonique slovène. Pas d’instruments synthétiques, et la capacité à fondre les unes dans les autres les diverses pistes. On a entendu trop souvent des groupes de metal croire « faire joli » en jouant à côté d’un orchestre organique (spécial BOOOO à Metallica et sa risible version d’Unforgiven, BOOOOO, triple BOOOO, magnifique exemple d’orchestre-gadget); Devil Doll joue « avec ». D’ailleurs les musiciens sont tous au même niveau dans les crédits et l’esprit du groupe, derrière Mr Doktor.
Ainsi, l’album nous promène de thème en thème, comme au fil d’une musique de film (de film noir, bien entendu), au sein des pensées labyrinthiques mais très cohérentes de l’auteur. Le tonal se mêle à l’atonal, aucun rythme n’est fixe, tout fluctue ; une promenade sur un bateau hanté, la nuit, sur un fleuve déchainé, sous la tempête. Concernant les influences, assumées et revendiquées, on croisera des musiques de films muets et noirs, de la musique sacrée (à vous de faire le tri), une énorme citation de Poulenc… A chacun de croiser sa culture et celle qui a été assimilée dans l’album. S’il fallait définir le genre ou la chapelle à laquelle rattacher l’album, on s’en verrait dès lors fort marri. Expérimental, prog, gothique, classique… Peu importe. Quelques « tubes » (pardon, Mr Doktor…) surnagent, écoutables en tant qu’unités indépendantes, et puissantes à dépecer un âne à trente mètres : les Part 1-2, ou 11, 12, les Part 17-18 en particulier.
Reste à parler du chant. Pour cet album, Mr Doktor partage ses textes avec la soprane Norina Radovan, ce qui donne lieu à quelques duos à faire exploser les globes oculaires et à s’éviscérer de joie – sans compter la fin, gnaâh… A côté de la technique classique, stricte et très maîtrisée de la soprane, Mr Doktor pratique comme à son habitude le sprechtgesang (ya woll, hopla), mélange raisonné et harmonieux de parlé et de chanté, modulant sa voix, son rythme, sa tessiture selon les paroles dites, et passant d’envolées lyriques à des grincements animaux, des cris de renard ou de chat, des râles d’agonie… Impression de psalmodie de sorcier. Et c’est un peu ça. Les textes, inspirés de Poe, Brontë, Dickinson ou Lautréamont, et dont il faut rappeler qu’ils précèdent toujours la musique, dans le processus d’écriture de Mr Doktor, sont à lire et peuvent l’être en tant que tels ; leur qualité, face à tous les succédanés du romantisme tardif et aux trop nombreuses (et gothiques) tentatives pitoyables de faire du post-Baudelaire mâtiné de surréalisme, est d’agencer proprement des images brutes sans les noyer dans une soupe grammaticale ou de clichés ; les images avancent, hiératiques, et frappent chacune à leur tour. A lire en particulier, le texte de la Part 18.
A présent, prions, mes frères. Devil Doll est vivant, Mr Doktor est vivant, il compose toujours, mais ne publie plus. ALORS TU PRENDS TES PETITS DOIGTS ET TU 2CRIS UNE SUPPLIQUE EMPHATIQUE À MR DOKTOR POUR QU4IL SORTE UN PUTAIN DE NOUVEAU DISQUE OK ? CONNARD !
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