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Watershed | chronique

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album  : Watershed
groupe : Opeth
sortie   : 2008

+ chronique Opeth

01- Coil
02- Heir Apparent
03- The Lotus Eater
04- Burden
05- Porcelain Heart
06- Hessian Peel
07- Hex Omega

La voie du milieu  par  Doc

L'impression que me donne le disque est qu'il aurait pu être un grand album s'il avait été poussé un peu plus loin, s'il avait été plus provocateur encore, plus novateur, avec le risque évidemment de le rendre plus hermétique. Watershed est clairement un disque très large, qui peut être apprécié par des publics très différents, dès la première écoute. On y trouve de très beaux passages, mais rien qui prend à la gorge (ou aux trippes selon les anatomies particulières). On note aussi la disparition des influences jazz qu'on entendait facilement sur Damnation ou Deliverance, pour des influences plus prog'.

Un des morceaux qui a attiré le plus l'attention est Burden ("fardeau"), morceau calme et mélodieux qui oscille entre pop, musique classique et musique progressive. Je trouve toute une partie du morceau décevante, notamment tous les couplets, trop sucrés (avec un chant d'Akerfeldt bien, mais sans plus). Par contre on y rencontre des solos magnifiques : d'abord un solo de clavier typique Yes, on ne peut plus 70's et rock prog, puis plusieurs solos de guitare, eux aussi très prog, beaux comme du Pink Floyd (ou du Steve Howe là encore). Grande réussite de ce côté là donc, et les parties décevantes sont d'autant plus dommages que d'autres parties sont superbes. J'ai trouvé la fin géniale, avec un côté guitare classique très appuyé et les guitares qui se désaccordent petit à petit. Là on peut retrouver quelque chose de dissonant totalement provocateur (avec une sorte de sample final qui fait penser à un rire). S'il y a bien une chose qu'en principe aucune grosse production musicale ne tolère pas, c'est la dissonance. On en pense ce qu'on veut, pour moi c'est un coup de provocation, je reconnais qu'il est mal exploité, peut être inutile, il a en tout cas l'avantage de faire que le morceau ne se finisse pas comme 99% des musiques pop, par baisse graduelle du volume, ou grand coup de batterie.

D'autres morceaux suivent le même principe, Coil par exemple, très mélodique, mais largement moins puissant. C'est "joli" mais rien ne ressort vraiment. On peut en dire autant des passages en son clair d'Hex Omega.

Et puis évidemment le death metal, qui prend presque par surprise après Coil (le premier morceau du disque). On notera d'ailleurs dans tous ces morceaux, Heir Apparent, Hex Omega... pas mal de passages dissonants. Le chant death reste assez rare. Les passages death de ce dernier sont bien réussis, les passages clairs un peu moins.

Hessian Peel me plaît davantage, un peu plus osé, plus puissant que les morceaux cités ci-dessus, avec une belle montée en force des passages clairs jusqu'aux guitares death très violentes. La fin est particulièrement intéressante, crimsonienne, avec des effets dans tous les sens, une impression de bordel cadré dans lequel on se sent complètement perdu. Pas mal de bons moment également avec The Lotus Eater, Porcelain Heart et Heir Apparent.

J'avoue que j'ai été un peu déçu. L'album n'est pas mauvais, mais à mon goût trop uniforme, et à part certains moments (sur Burden notamment) peu de passages accrochent réellement et aucune musique ne détrône les titres "cultes" et très émotionnels des précédents CD d'Opeth. A écouter tout de même, parce qu'on ne passe pas un mauvais moment.

Je trouve que dans le neo-prog 70, on a de la came de plus haute facture (y compris dans la discographie d'Opeth), mais enfin cette orientation n'est que louable, et on ne peut que les encourager à en faire plus, à aller plus loin, avec davantage de surprise et de bizarreries. Ce disque me donne l'impression d'un groupe qui a décidé d'évoluer, mais qui n'a pas encore bien trouvé sa voie. Cela peut satisfaire des auditeurs qui ne connaissent pas trop les inspirations principales (Pink Floyd, Yes...) mais quand on connait bien, on trouve le disque un cran en dessous.

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