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CULT OF LUNA | interview ~ le 22-03-2009
avec :
- Johannes Persson (guitare + chant)
réalisée par : Space Ritual & Hororo
- Johannes Persson (guitare + chant)
réalisée par : Space Ritual & Hororo
Cult of Luna est un mètre-étalon de la scène post Hardcore. Ce groupe Suédois a su s’imposer en l’espace de cinq albums et une série de concerts qui auront marqués les esprits. C’est un Johannes Person (guitare/chant) bavard et détendu que nous retrouvons ce dimanche après-midi à l’Elysée Montmartre. L’occasion de faire le point sur « Eternal Kingdom » - dernier opus en date - mais aussi sur sa vision de la scène post Hardcore actuelle tout en parlant de magie ou de physique quantique…
Un grand merci à Hororo pour sa maîtrise de la langue de Shakespeare. Sans lui, l’interview n’aurait pu avoir lieu !
Vous avez écris Eternal Kingdom à partir d’un journal que vous avez trouvé sur le lieu de l’enregistrement. Pourquoi avoir choisi cette histoire et qu’est ce qui vous a attiré dedans ?
Johannes Persson : Nous avons fait ce choix bien avant de commencer à écrire. Cette histoire est tellement intéressante à plusieurs niveaux. Que faire d’autre quand quelque chose comme ça vous tombe entre les mains ? C’est impossible de ne rien en faire ! Elle est très intéressante tant sur ce qui s’est réellement passé que sur ce qui est arrivé à son auteur et à tous les personnages qui y interviennent. Bien sûr, cette histoire est vraie à 75% puisque nous en avons utilisé et modifié certaines fractions, comme la fin par exemple.
Ghost Trail est la chanson la plus lourde que vous avez écrite depuis The Beyond …
Je ne dirais pas que c’est la plus lourde. Il y a des chansons beaucoup plus lourdes sur Eternal Kingdom. C’est la dernière chanson que nous ayons écrite. Je crois bien que nous en avions parlé justement hier. Cette chanson est apparue juste après que nous ayons tout enregistré et elle a fini par être l’une des meilleures !
« Lourd » n’est peut être pas le bon mot mais la fin est beaucoup plus violente !
Toute cette chanson est basée autour d’une petite partie de l’histoire. En gros, elle se conclut avec une scène où le personnage principale est caché dans les buissons et regarde les animaux danser autour d’un feu de plus en plus vite. C’est pour cela que le tempo s’accélère. Nous étions fatigués de la lenteur (des disques précédents) donc nous voulions faire un tour à 180°, quelque chose auquel les gens ne s’attendaient pas venant de nous. Somewhere along the Highway est notre album qui s’est le mieux vendu et il nous a même fait gagner une récompense en Suède, pour le meilleur album de rock je crois. Après être descendus de scène, nous nous sommes dit que tout cela était devenu trop facile pour nous et que nous devions changer.
Sur le prochain album, prévoyez-vous d’utiliser des instruments comme ceux employés sur Eternal Kingdom, du piano, du violon, de la trompette ?
Je ne sais pas encore, rien n’est encore écrit.
Est-ce difficile pour votre chanteur d’être sur scène avec vous puisqu’il n’est pas tout le temps présent ?
Et bien, tout d’abord nous somme trois à chanter mais … je pense … c’est juste … je ne peux pas répondre à cette question, il faudrait que vous demandiez à Klas.
Mais joue-t-il d’un instrument ? Participe-t-il à l’écriture des morceaux ?
Non, il ne pose que sa voix.
A propos de la couverture de Eternal Kingdom, qui l’a réalisé ? Et penses-tu qu’un album de Cult of Luna pourrait exister sans pochette et seulement en fichiers MP3 ?
Ah, je déteste le format mp3. Le son est trop compressé mais, c’est le format qui est utilisé donc que puis-je faire ?
La couverture est réalisée par Erik Olofsson, notre guitariste et pour être honnête, nous pourrions très bien vendre nos disques sans, mais peut-être est-ce parce que je vieillis, je trouve que la couverture de l’album est une grande partie de la façon dont on appréhende un disque. Imaginez par exemple un opus de Black Sabbath avec une couverture rose. L’expérience serait complètement différente. Je pense donc qu’en téléchargeant l’album seulement pour la musique on perd une partie de l’intention et de l’expérience que le groupe tente de transmettre.
Salvation fait partie d’un concept…
Oui, chaque album fait partie d’un concept.
Oui, mais à l’époque de la sortie de Salvation je me souviens avoir lu que c’était la première partie d’un concept et que vous aviez l’intention d’écrire une deuxième partie. Est-ce toujours le cas ?
Nous ne savons pas encore si nous le ferons. Tout part d’une histoire que nous avons inventée et l’histoire de Salvation tiens très bien seule.
C’était une histoire très engagée politiquement puisqu’elle traitait de la culpabilité de vivre dans un pays riche tandis que le reste du monde meurt de faim.
Comment sortir du système ? Je pense personnellement que la seule manière de ne plus participer dans ce système d’inégalité est de se suicider. C’est ainsi. C’est la seule façon. On ne peut pas cesser de participer. Rien que de prendre le bus demande d’utiliser du carburant ce qui endommagera la vie au Niger ou l’environnement. Rien qu’en prenant le bus ! Cet album est donc constitué de personnages qui tentent de sortir de ce système sans pour autant y arriver.
Et la deuxième partie serait ?
C’est encore une histoire que nous avons inventé où interviennent beaucoup de phénomènes naturels. L’histoire est pratiquement écrite.
Vous avez joué au Roadburn avec deux batteurs. Pourquoi l’avoir fait et est-ce quelque chose que vous avez l’intention de faire à nouveau ?
Nous avons joué ainsi de nombreuses fois auparavant et nous le faisons aussi souvent que nous le pouvons.
Pourquoi vous êtes-vous éloigné du Hardcore des débuts du groupe ?
Nous n’avions aucune intention de rester dans cette scène. Je veux dire que nous écrivons la musique que nous aimons donc ce qui doit arriver, arrive. C’est très difficile de répondre à cette question car je n’ai pas de regard extérieur. Ce qui est très bien avec Cult Of Luna c’est que seuls quelques membres viennent du milieu Hardcore, le reste a un passé très différent. Ils écoutent n’importe quel type de musique ainsi que des groupes plus Heavy que nous leur avons présenté. Donc, si tu ne connais pas les règles, tu ne peux pas les briser et en retour tu te crées tes tiennes.
Quels sont les artistes non musicaux que tu considères comme des influences ?
Je ne sais pas. Plus on devient vieux et plus il est difficile d’être influencé. Quand tu écris des chansons par exemple, tu as tes héros de quand tu avais quinze ou seize ans. Mais en vieillissant, je passe en pilote automatique. Je sais comment j’écris et en quoi j’ai été influencé. Je sais ce qui arrive, je m’assoie avec une guitare et je vais écrire. C’est à peu près tout. Je pourrais te faire une liste de ce que je lis, de ce que je regarde et de ce que j’ai vécu avec certaines œuvres. Si tu veux que j’énumère les artistes que j’aime, bien sûr, je peux faire ça mais, je ne suis pas sûr… Il y a quelques années quand nous avons écris The Beyond je lisais George Orwell, 1984, Big Brother et tout ce qui a trait aux systèmes de surveillance…
Noam Chomsky ?
Oui, Noam Chomsky est toujours intéressant. « Manufacturing consent » a été une influence dans ma vie. Mais des œuvres comme celle là m’ont dirigé dans ma vie et ont fait de moi la personne que je suis aujourd’hui.
Je vais reformuler ma question dans ce cas. Quels sont les artistes avec qui vous ressentez une affinité esthétique ?
La seule chose que je peux dire c’est que n’importe quel artiste qui essaye de créer une œuvre abstraite pour provoquer une idée concrète, comme David Lynch ou… (Ndlr : n’arrive pas a trouver le nom d’un peintre qui fait des toiles noirs, on lui propose Giger ou Bacon mais il ne retrouve pas le nom). Albert Camus dans son roman « La peste » et les artistes de la beat generation. Les beats artists plus particulièrement car ce sont des auteurs qui ont toujours écrit à propos de rien ! (rire). C’est une liste des artistes avec qui je sens, en quelque sorte, un lien mais, dire quelque chose comme cela revient à se mettre sur un pied d’estale.
Non, je comprends ce que vous voulez dire. Ce n’est pas comme si vous vous disiez aussi bon qu’eux...
J’aime ce qu’ils ont fait et j’espère que nous pouvons créer quelque chose qui évoque les mêmes sentiments qu’eux.
Depuis que vous avez joué au Roadburn vous avez sûrement constaté que vous avez influencés beaucoup de groupes. Que ressens-tu vis à vis de tout ce que les médias appellent la scène post Hardcore ou post Metal ?
Je n’aime pas. C’est ennuyeux et prévisible. On sait tout de suite à quoi leur musique va ressembler. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons pris le temps de réfléchir et décidé de faire quelque chose de différent. C’est devenu la bataille des pédales de delay maintenant, c'est prévisible, pour moi en tous cas. Je les juge et c’est assez dur de traiter quelque chose de prévisible. Mais, le jour où nous enregistrerons deux fois le même album sera le jour où nous aurons atteint notre limite.
Nous parlions un peu plus tôt des influences et c’est un peu effrayant d’être de l’autre coté de la table quand des gens te parlent comme je parlais à mes héros quand j’avais quinze ou seize ans (Ndlr : j’espère qu’il ne pense pas à nous, faut pas déconner non plus !). Mais, si nous avons influencé quelqu’un c’est peut être la meilleure critique que l’on peut nous faire bien que ce soit assez effrayant.
En fait, vous avez été une de mes influences puisque j’ai commencé à lire Noam Chomsky en partie grâce à “The Beyond”.
C’est génial ! Il y a quelques années j’ai changé de direction dans mes lectures et bien que je continue d’aimer Chomsky, je n’ai juste plus assez de temps pour m’y consacrer donc je me suis focalisé sur tout ce qui concerne la guerre entre la logique et la religion. Je lis des auteurs comme Sam Harris, Christopher Hitchens et Richard Dawkins, les trois plus importants. C’est à peu près tout ce que je lis actuellement.
Quand tu parles de Dawkins, tu veux dire tout ce qu’il a écrit sur la génétique ?
Non, enfin une partie bien sûr mais je ne parle pas de son travail brillant sur la génétique, par exemple : « The Selfish Gene ». Bien sûr, je suis très intéressé par tout le domaine scientifique et si je pouvais vivre ma vie une deuxième fois je m’intéresserais beaucoup plus à la science. J’aime lire des livres d’astronomie, de physique, de physique quantique. Même si parfois je ne saisis pas tout…
Je lis aussi des livres sur la physique quantique et c’est aussi mon problème. C’est vraiment très frustrant.
Oui, si la théorie des cordes est exacte, il doit exister 13 dimensions et franchement, c’est à partir de ce moment là que j’ai lâché !
Mais, c’est une part de ma personnalité, je dois comprendre tout. Je déteste les magiciens. Je veux toujours comprendre quels sont leurs trucs. C’est vraiment le pire chez moi. J’ai rencontré un type dans un club dans le New Jersey, il avait 19 ans. Après notre concert, il était assis sur un sofa avec un paquet de cartes pendant deux heures à faire des tours. Je le regardais pendant ce temps là en pensant « Ne regarde pas ce qu’il veut que tu regardes ». Il a commencé à faire un tour bizarre et a fait disparaître une carte en gardant son bras baissé comme ça (Ndlr : baisse son bras sur le coté). Tout le monde regardait ailleurs donc je me suis dit « ça y est, j’ai trouvé ». Il a demandé ensuite « Est-ce que vous savez où est le carte ? », il m’a alors regardé et a dit « Je sais que ce gars me regardait et il m’a vu cacher la carte dans ma main ». Il a alors retourné sa main. Pas de carte. C’est alors qu’il l’a sorti de sa bouche. C’était impressionnant ! Moi-même je connais quelques tours qu’un magicien m’a appris. Je ne peux les refaire mais c’est tellement facile quand on connaît la méthode. Par exemple, il m’a montré au moins cinq fois comment faire passer un paquet de carte du bleu au rouge. Je n’arrivais pas à comprendre comment il faisait ! Puis il m’a montré et je me suis rendu compte à quel point c’était simple. Donc… les magiciens et la science...
J’ai lu quelque part que quand on commence à comprendre la physique quantique cela veut dire que l’on ne comprend pas la physique quantique.
Oui, la citation exacte vient du physicien Steven Goldberg qui a dit « Si vous pensez comprendre la théorie des cordes, vous ne comprenez pas la théorie des cordes ».
Pour en revenir à Dawkins …
Oui, je suis surtout intéressé par la guerre entre la rationalité et la religion. C’est donc ce que je lis principalement. J’aime beaucoup Hitchens, son style est assez facile à comprendre. Je ne suis pas d’accord avec ses tendances politiques mais quand il est dans un débat il est vraiment très amusant. Je vous recommande vraiment ses livres. Son livre le plus connu est « Go is not great ».
Un grand merci à Hororo pour sa maîtrise de la langue de Shakespeare. Sans lui, l’interview n’aurait pu avoir lieu !
Vous avez écris Eternal Kingdom à partir d’un journal que vous avez trouvé sur le lieu de l’enregistrement. Pourquoi avoir choisi cette histoire et qu’est ce qui vous a attiré dedans ?
Johannes Persson : Nous avons fait ce choix bien avant de commencer à écrire. Cette histoire est tellement intéressante à plusieurs niveaux. Que faire d’autre quand quelque chose comme ça vous tombe entre les mains ? C’est impossible de ne rien en faire ! Elle est très intéressante tant sur ce qui s’est réellement passé que sur ce qui est arrivé à son auteur et à tous les personnages qui y interviennent. Bien sûr, cette histoire est vraie à 75% puisque nous en avons utilisé et modifié certaines fractions, comme la fin par exemple.
Ghost Trail est la chanson la plus lourde que vous avez écrite depuis The Beyond …
Je ne dirais pas que c’est la plus lourde. Il y a des chansons beaucoup plus lourdes sur Eternal Kingdom. C’est la dernière chanson que nous ayons écrite. Je crois bien que nous en avions parlé justement hier. Cette chanson est apparue juste après que nous ayons tout enregistré et elle a fini par être l’une des meilleures !
« Lourd » n’est peut être pas le bon mot mais la fin est beaucoup plus violente !
Toute cette chanson est basée autour d’une petite partie de l’histoire. En gros, elle se conclut avec une scène où le personnage principale est caché dans les buissons et regarde les animaux danser autour d’un feu de plus en plus vite. C’est pour cela que le tempo s’accélère. Nous étions fatigués de la lenteur (des disques précédents) donc nous voulions faire un tour à 180°, quelque chose auquel les gens ne s’attendaient pas venant de nous. Somewhere along the Highway est notre album qui s’est le mieux vendu et il nous a même fait gagner une récompense en Suède, pour le meilleur album de rock je crois. Après être descendus de scène, nous nous sommes dit que tout cela était devenu trop facile pour nous et que nous devions changer.
Sur le prochain album, prévoyez-vous d’utiliser des instruments comme ceux employés sur Eternal Kingdom, du piano, du violon, de la trompette ?
Je ne sais pas encore, rien n’est encore écrit.
Est-ce difficile pour votre chanteur d’être sur scène avec vous puisqu’il n’est pas tout le temps présent ?
Et bien, tout d’abord nous somme trois à chanter mais … je pense … c’est juste … je ne peux pas répondre à cette question, il faudrait que vous demandiez à Klas.
Mais joue-t-il d’un instrument ? Participe-t-il à l’écriture des morceaux ?
Non, il ne pose que sa voix.
A propos de la couverture de Eternal Kingdom, qui l’a réalisé ? Et penses-tu qu’un album de Cult of Luna pourrait exister sans pochette et seulement en fichiers MP3 ?
Ah, je déteste le format mp3. Le son est trop compressé mais, c’est le format qui est utilisé donc que puis-je faire ?
La couverture est réalisée par Erik Olofsson, notre guitariste et pour être honnête, nous pourrions très bien vendre nos disques sans, mais peut-être est-ce parce que je vieillis, je trouve que la couverture de l’album est une grande partie de la façon dont on appréhende un disque. Imaginez par exemple un opus de Black Sabbath avec une couverture rose. L’expérience serait complètement différente. Je pense donc qu’en téléchargeant l’album seulement pour la musique on perd une partie de l’intention et de l’expérience que le groupe tente de transmettre.
Salvation fait partie d’un concept…
Oui, chaque album fait partie d’un concept.
Oui, mais à l’époque de la sortie de Salvation je me souviens avoir lu que c’était la première partie d’un concept et que vous aviez l’intention d’écrire une deuxième partie. Est-ce toujours le cas ?
Nous ne savons pas encore si nous le ferons. Tout part d’une histoire que nous avons inventée et l’histoire de Salvation tiens très bien seule.
C’était une histoire très engagée politiquement puisqu’elle traitait de la culpabilité de vivre dans un pays riche tandis que le reste du monde meurt de faim.
Comment sortir du système ? Je pense personnellement que la seule manière de ne plus participer dans ce système d’inégalité est de se suicider. C’est ainsi. C’est la seule façon. On ne peut pas cesser de participer. Rien que de prendre le bus demande d’utiliser du carburant ce qui endommagera la vie au Niger ou l’environnement. Rien qu’en prenant le bus ! Cet album est donc constitué de personnages qui tentent de sortir de ce système sans pour autant y arriver.
Et la deuxième partie serait ?
C’est encore une histoire que nous avons inventé où interviennent beaucoup de phénomènes naturels. L’histoire est pratiquement écrite.
Vous avez joué au Roadburn avec deux batteurs. Pourquoi l’avoir fait et est-ce quelque chose que vous avez l’intention de faire à nouveau ?
Nous avons joué ainsi de nombreuses fois auparavant et nous le faisons aussi souvent que nous le pouvons.
Pourquoi vous êtes-vous éloigné du Hardcore des débuts du groupe ?
Nous n’avions aucune intention de rester dans cette scène. Je veux dire que nous écrivons la musique que nous aimons donc ce qui doit arriver, arrive. C’est très difficile de répondre à cette question car je n’ai pas de regard extérieur. Ce qui est très bien avec Cult Of Luna c’est que seuls quelques membres viennent du milieu Hardcore, le reste a un passé très différent. Ils écoutent n’importe quel type de musique ainsi que des groupes plus Heavy que nous leur avons présenté. Donc, si tu ne connais pas les règles, tu ne peux pas les briser et en retour tu te crées tes tiennes.
Quels sont les artistes non musicaux que tu considères comme des influences ?
Je ne sais pas. Plus on devient vieux et plus il est difficile d’être influencé. Quand tu écris des chansons par exemple, tu as tes héros de quand tu avais quinze ou seize ans. Mais en vieillissant, je passe en pilote automatique. Je sais comment j’écris et en quoi j’ai été influencé. Je sais ce qui arrive, je m’assoie avec une guitare et je vais écrire. C’est à peu près tout. Je pourrais te faire une liste de ce que je lis, de ce que je regarde et de ce que j’ai vécu avec certaines œuvres. Si tu veux que j’énumère les artistes que j’aime, bien sûr, je peux faire ça mais, je ne suis pas sûr… Il y a quelques années quand nous avons écris The Beyond je lisais George Orwell, 1984, Big Brother et tout ce qui a trait aux systèmes de surveillance…
Noam Chomsky ?
Oui, Noam Chomsky est toujours intéressant. « Manufacturing consent » a été une influence dans ma vie. Mais des œuvres comme celle là m’ont dirigé dans ma vie et ont fait de moi la personne que je suis aujourd’hui.
Je vais reformuler ma question dans ce cas. Quels sont les artistes avec qui vous ressentez une affinité esthétique ?
La seule chose que je peux dire c’est que n’importe quel artiste qui essaye de créer une œuvre abstraite pour provoquer une idée concrète, comme David Lynch ou… (Ndlr : n’arrive pas a trouver le nom d’un peintre qui fait des toiles noirs, on lui propose Giger ou Bacon mais il ne retrouve pas le nom). Albert Camus dans son roman « La peste » et les artistes de la beat generation. Les beats artists plus particulièrement car ce sont des auteurs qui ont toujours écrit à propos de rien ! (rire). C’est une liste des artistes avec qui je sens, en quelque sorte, un lien mais, dire quelque chose comme cela revient à se mettre sur un pied d’estale.
Non, je comprends ce que vous voulez dire. Ce n’est pas comme si vous vous disiez aussi bon qu’eux...
J’aime ce qu’ils ont fait et j’espère que nous pouvons créer quelque chose qui évoque les mêmes sentiments qu’eux.
Depuis que vous avez joué au Roadburn vous avez sûrement constaté que vous avez influencés beaucoup de groupes. Que ressens-tu vis à vis de tout ce que les médias appellent la scène post Hardcore ou post Metal ?
Je n’aime pas. C’est ennuyeux et prévisible. On sait tout de suite à quoi leur musique va ressembler. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons pris le temps de réfléchir et décidé de faire quelque chose de différent. C’est devenu la bataille des pédales de delay maintenant, c'est prévisible, pour moi en tous cas. Je les juge et c’est assez dur de traiter quelque chose de prévisible. Mais, le jour où nous enregistrerons deux fois le même album sera le jour où nous aurons atteint notre limite.
Nous parlions un peu plus tôt des influences et c’est un peu effrayant d’être de l’autre coté de la table quand des gens te parlent comme je parlais à mes héros quand j’avais quinze ou seize ans (Ndlr : j’espère qu’il ne pense pas à nous, faut pas déconner non plus !). Mais, si nous avons influencé quelqu’un c’est peut être la meilleure critique que l’on peut nous faire bien que ce soit assez effrayant.
En fait, vous avez été une de mes influences puisque j’ai commencé à lire Noam Chomsky en partie grâce à “The Beyond”.
C’est génial ! Il y a quelques années j’ai changé de direction dans mes lectures et bien que je continue d’aimer Chomsky, je n’ai juste plus assez de temps pour m’y consacrer donc je me suis focalisé sur tout ce qui concerne la guerre entre la logique et la religion. Je lis des auteurs comme Sam Harris, Christopher Hitchens et Richard Dawkins, les trois plus importants. C’est à peu près tout ce que je lis actuellement.
Quand tu parles de Dawkins, tu veux dire tout ce qu’il a écrit sur la génétique ?
Non, enfin une partie bien sûr mais je ne parle pas de son travail brillant sur la génétique, par exemple : « The Selfish Gene ». Bien sûr, je suis très intéressé par tout le domaine scientifique et si je pouvais vivre ma vie une deuxième fois je m’intéresserais beaucoup plus à la science. J’aime lire des livres d’astronomie, de physique, de physique quantique. Même si parfois je ne saisis pas tout…
Je lis aussi des livres sur la physique quantique et c’est aussi mon problème. C’est vraiment très frustrant.
Oui, si la théorie des cordes est exacte, il doit exister 13 dimensions et franchement, c’est à partir de ce moment là que j’ai lâché !
Mais, c’est une part de ma personnalité, je dois comprendre tout. Je déteste les magiciens. Je veux toujours comprendre quels sont leurs trucs. C’est vraiment le pire chez moi. J’ai rencontré un type dans un club dans le New Jersey, il avait 19 ans. Après notre concert, il était assis sur un sofa avec un paquet de cartes pendant deux heures à faire des tours. Je le regardais pendant ce temps là en pensant « Ne regarde pas ce qu’il veut que tu regardes ». Il a commencé à faire un tour bizarre et a fait disparaître une carte en gardant son bras baissé comme ça (Ndlr : baisse son bras sur le coté). Tout le monde regardait ailleurs donc je me suis dit « ça y est, j’ai trouvé ». Il a demandé ensuite « Est-ce que vous savez où est le carte ? », il m’a alors regardé et a dit « Je sais que ce gars me regardait et il m’a vu cacher la carte dans ma main ». Il a alors retourné sa main. Pas de carte. C’est alors qu’il l’a sorti de sa bouche. C’était impressionnant ! Moi-même je connais quelques tours qu’un magicien m’a appris. Je ne peux les refaire mais c’est tellement facile quand on connaît la méthode. Par exemple, il m’a montré au moins cinq fois comment faire passer un paquet de carte du bleu au rouge. Je n’arrivais pas à comprendre comment il faisait ! Puis il m’a montré et je me suis rendu compte à quel point c’était simple. Donc… les magiciens et la science...
J’ai lu quelque part que quand on commence à comprendre la physique quantique cela veut dire que l’on ne comprend pas la physique quantique.
Oui, la citation exacte vient du physicien Steven Goldberg qui a dit « Si vous pensez comprendre la théorie des cordes, vous ne comprenez pas la théorie des cordes ».
Pour en revenir à Dawkins …
Oui, je suis surtout intéressé par la guerre entre la rationalité et la religion. C’est donc ce que je lis principalement. J’aime beaucoup Hitchens, son style est assez facile à comprendre. Je ne suis pas d’accord avec ses tendances politiques mais quand il est dans un débat il est vraiment très amusant. Je vous recommande vraiment ses livres. Son livre le plus connu est « Go is not great ».
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